Je me souviens d’un temps,

Il y a maintenant bien longtemps,

Où j’avais une petite sœur.

En fait, c’était une vraie terreur.

Nous nous disputions souvent,

Mais nous nous aimions vraiment.

Elle voulait toujours m’imiter,

Mais moi j’étais timorée,

Alors qu’elle, était du genre délurée.

Rien ne l’effrayait jamais,

Et c’est elle qui me poussait ou me tirait

Pour plus vite me faire avancer.

Moi, le nez dans mes bouquins,

Elle, dans la rue avec les copains.

Une seule chose nous rassemblait,

Un même amour nous unissait.

Celui de nos bébés ,

Ces mignons petits bébés,

Que Maman nous avait donnés.

Gillou et Bichette, qui avec la même ardeur,

Nous transformaient en grandes sœurs,

Complètement gâteuses,

Mais si follement heureuses.

Corinne, ma petite sœur,

Brave, téméraire et fonceuse,

Tu voulais vivre ta vie à 100 à l’heure.

Tu voulais plus que tout être heureuse.

Si seulement tu nous avais écoutés,

Si seulement tu avais accepté,

Les conseils et les avis,

Tu serais peut-être encore en vie.

Tu serais toujours là pour me gronder,

Me secouer, me houspiller.

Mais aussi suivant les jours,

Pour me distiller tout ton amour.

Ton affection ou ton amitié.

Il fût un temps ,

Après ton enterrement,

Où je t’en voulais.

C’est la colère qui me guidait,

Qui me faisait me lever le matin,

Qui me faisait oublier mon chagrin.

Je t’en voulais d’avoir voulu jouer,

Le courage et la témérité,

Sans même songer aux conséquences,

Sans même songer que la chance,

Pourrait se jour là te quitter,

Et faire de tes enfants des orphelins.

Maintenant, bien sûr, ma colère est tombée,

Mais le chagrin est toujours là, tenace.

Il se voit moins, se fait discret,

Et les années doucement passent,

Sans que ta place dans notre cœur,

Ait jamais été effacée.

 

Le temps doucement

A adouci mes sentiments.

Je pense à toi avec mélancolie,

Je te revois si gaie et si jolie,

Lorsque tu étais heureuse.

Je te revois les yeux froncés,

La bouche pincée,

Lorsque tu étais boudeuse.

J’entends ton rire,

Je revois ton sourire.

Je peux même entendre ta voix,

Et revoir tes yeux pétiller de joie.

Mais je ne peux plus te toucher,

Je ne peux plus t’embrasser,

Te prendre dans mes bras,

Pour te cajoler, te consoler,

Et te dire, ne t’en fais pas,

Ca va passer, tout va bien aller.

Je ne peux que te parler dans mon cœur,

Pour te dire ma petite sœur,

Que je ne t’oublierai jamais,

Car malgré nos différences,

Malgré toutes nos divergences,

Sincèrement, tu sais…. je t’aimais.

 

                                                     Genlis, le 15 novembre 2008